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26 AUDITORIUMS UWE BERGMANN
CHRONIQUES DE LA BnF Nº78
LES SECRETS DU PALIMPSESTE D’ARCHIMÈDE
Conférence « Les traités d’Archimède enfin déchiffrés : les rayons X au service de la connaissance et de la valorisation des manuscrits » Uwe Bergmann Jeudi 2 mars 2017 BnF I François-Mitterrand Petit auditorium De 18 h 30 à 20 h
En partenariat avec la Fondation des sciences du patrimoine-LabEx Patrima
En partenariat avec la Fondation des sciences du patrimoine, se tiendra, site François-Mitterrand, une conférence portant sur l’utilisation de méthodes avancées de rayons X pour le décryptage de manuscrits anciens. Uwe Bergmann, physicien de l’université de Stanford (États-Unis), travaille depuis le début de sa carrière scientifique sur les synchrotrons, ces accélérateurs de particules qui produisent des microfaisceaux de rayons X très intenses. Il est aujourd’hui professeur invité de la Fondation des sciences du patrimoine¹. Il raconte : « Un jour, ma mère m’a montré une édition du magazine
La science au service des manuscrits
Géo qui comportait un article sur le manuscrit le plus ancien des textes d’Archimède (IIIe siècle après J.-C.). Cette copie, datée du Xe siècle, regroupe des traités du savant grec, dont certains étaient inconnus. Au XIIIe siècle, le manuscrit a été recouvert par d’autres textes copiés par des moines et, au XXe siècle, par des peintures religieuses réalisées par des faussaires sur plusieurs pages. L’article précisait qu’une équipe de chercheurs travaillait à décrypter le palimpseste. Je les ai contactés et nous avons monté un projet utilisant la spectrométrie de fluorescence X. Cette méthode permet de détecter, derrière les autres inscriptions, les métaux présents dans les encres ferrogalliques employées au Xe siècle. Aujourd’hui,
1. Plus précisément au synchrotron SOLEIL (Paris-Saclay, laboratoire IPANEMA du CNRS) 2. archimedespalimpsest. org 3. Projet financé par la Fondation des sciences du patrimoine, en partenariat avec les Archives nationales, le Centre de recherche sur la conservation, l’université de CergyPontoise et avec la participation de l’Institut national du patrimoine et de la Cité de la musique
l’ouvrage est entièrement numérisé2 et une édition complète des traités du livre a été publiée par Cambridge University Press. Après ce projet, j’ai continué à étudier les manuscrits anciens. »
Lettres secrètes et chefs-d’œuvre cachés
Ci-contre Page du palimpseste recouverte d’une peinture réalisée par un faussaire. À droite, un détail du cliché de l’analyse spectroscopique révélant les caractères grecs.
Un autre projet conduit par Uwe Bergmann a consisté à décr ypter les partitions de l’opéra Médée de Luigi Cherubini (1760-1842), mutilées par le compositeur lui-même, qui en avait recouvert une partie. Les experts en spectrométrie ont permis de ressusciter la version intégrale de ce chefd’œuvre. Depuis une dizaine d’années, les recherches sur les techniques d’imagerie dans le domaine patrimonial, qui avaient jusque-là concerné surtout les œuvres d’art, se sont étendues aux manuscrits. D’autres projets sont en cours dans le cadre de la Fondation des sciences du patrimoine : le projet REX³ sur les lettres échangées secrètement entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, conservées aux Archives nationales, ou REMAC sur les manuscrits médiévaux de la Bibliothèque municipale de Chartres. Enfin, dans le cadre d’IPANEMA, une nouvelle ligne de lumière dédiée à l’étude des matériaux du patrimoine, implantée au sein du synchrotron SOLEIL, démarrera en 2017. Elle permettra l’imagerie rapide de matériaux anciens aux rayons X : un outil innovant dont les applications à la connaissance et la conservation du patrimoine, culturel comme naturel, sont appelées à se multiplier.
Sylvie Lisiecki Délégation à la communication